La Croatie était compliquée, comme toujours. C’est un rallye
exigeant envers tout le monde, notamment pour le pilote et le copilote. Les
routes rapides goudronnées mettent vraiment votre corps à rude épreuve avec
tous les freinages brutaux et les virages serrés. Il nous a fallu quelques
jours pour nous remettre de cela avant de nous lancer directement dans les
essais pour le Portugal, et nous nous sentions encore assez fatigués même une
semaine après l’épreuve.
Ce qu’il s'est passé dimanche en Croatie s'explique
facilement. La spéciale était particulièrement redoutable, avec des vitesses
élevées et de nombreux virages salis au fil des passages. Nos notes étaient
donc pleines d'informations.
Une bosse sur la route a momentanément coupé ma
concentration et j’ai cherché la note suivante. Cette fraction de seconde
d'hésitation a fait qu’elle est arrivée trop tard pour que nous puissions négocier
la courbe suivante.
Des erreurs peuvent arriver, il n’y a pas grand-chose à dire
là-dessus. Tout le monde, que ce soit le pilote, l'équipe ou le copilote, peut
faire une erreur. La clé est d’apprendre de ces expériences, d’aller de l’avant
et de veiller à ce qu’elles ne se reproduise plus.
Il y a toutefois beaucoup de points positifs à retenir de la
Croatie. Nous avons montré avoir le rythme pour gagner et la Hyundai i20 N
Rally1 a été compétitive du départ à l’arrivée. Thierry et moi avions même fait
un petit pari avant le rallye : si nous gagnions les deux passages dans Pećurkovo
Brdo - Mrežnički Novaki, une spéciale de 9,11 km, je m'achèterais une Porsche
911.
Eh bien, nous avons été les plus rapides les deux fois... Mais
je n'ai pas encore commandé la 911. C’est clairement un souhait, et il y a désormais
encore plus de pression à cause de ce pari. Espérons que nous pourrons
atteindre nos objectifs d’ici la fin de la saison, et ce sera alors le bon
moment pour l’acheter. J'ai déjà étudié quelques configurations, donc c'est « prêt
à l’envoi » pour ainsi dire !
J’ai pensé offrir un aperçu de notre processus de prise de
notes car il varie d’un rallye à l’autre. Si nous avons les mêmes spéciales que
les années précédentes, nous réutilisons ces notes que je prépare deux ou trois
semaines avant l'événement.
Je les télécharge dans le cloud pour que Thierry y ait
également accès, puis Thierry les peaufine en fonction de son expérience des spéciales.
Avant les reconnaissances, je m'assure d'avoir ajouté toutes ses modifications,
et pendant, nous optimisons ou créons de nouvelles notes pour toute nouvelle spéciale.
Dans le premier passage, Thierry donne son avis sur des
facteurs tels que la distance, la vitesse et les directions dans les virages.
Lors du second, nous affinons davantage les notes. Nous filmons toujours avec
deux caméras : une principale et une de secours.
Le soir, je remets de l’ordre en réécrivant les notes, tout en
veillant à ce qu'elles soient claires, correctes et faciles à lire. Je les
croise avec la vidéo pour m'assurer que toutes les informations sont correctes,
puis Thierry regarde la vidéo avec notre assistant Florian (Haut-Labourdette)
pendant que je travaille sur d'autres spéciales pour gagner du temps.
Florian et Thierry font les ajustements nécessaires et la
veille du rallye, nous revoyons toutes les vidéos pour nous assurer que tout
est en ordre de marche et nous refamiliariser avec les spéciales.
Nous attendons donc avec impatience le Portugal, le premier
des sept rallyes consécutifs sur terre. Être en tête du championnat à
l’approche de ce rendez-vous est un petit coup de pouce, mais nous savons que
ce ne sera pas facile, surtout en ouvrant la route lors de la première étape.
Thierry et moi avons eu de bonnes sensations dans la voiture
lors de nos essais de préparation et nous avons expérimenté différents
réglages. Toutes les décisions techniques concernant la voiture sont
généralement prises en collaboration entre Thierry et l'ingénieur. J'essaie
toujours de donner mon avis en fonction de ce que je peux ressentir lors des
tests ou sur le terrain, mais en fin de compte, la décision finale revient à Thierry.
Bien sûr, je me salis les mains durant les rallyes, en
modifiant des éléments comme la hauteur de caisse ou le réglage de la barre
anti-roulis entre les spéciales. C'est un effort commun pour essayer d'extraire
les performances maximales de la voiture tout au long de l’épreuve.
J'ai reçu pas mal de commentaires la dernière fois
concernant ma liste de bagage. Concernant les équipements de sécurité, l'équipe
s'en occupe. Notre collègue Sandrine se charge de nos casques et combinaisons
et veille à ce que nous ayons tout ce dont nous avons besoin dans la voiture,
apportée directement d’Alzenau, en Allemagne.
Chaque soir, nous recevons de nouveaux vêtements pour le
lendemain, et parfois nous nous changeons même pendant l’assistance à mi-journée
s'il fait particulièrement chaud. Nous sommes assez gâtés puisque nous
disposons de matériel de haute qualité, ce qui nous facilite la vie pendant le
rallye.
Même si la météo peut varier au Portugal, l'itinéraire est
similaire à celui des deux dernières années. Nous savons donc à quoi nous
attendre. Nous sommes très bien préparés et prêts à tout donner, même si le
défi sera immense !
Rendez-vous
au Portugal !
Martijn