Les 50 ans du WRC - Retour dans les années 2000
L'aube d'une nouvelle décennie. Et d'un nouveau siècle. Le Championnat du Monde FIA des Rallyes a abordé le tournant du millénaire en belle santé avec sept équipes prêtes à affronter quatorze rallyes.

En 2000, Mitsubishi fait le choix de conserver sa Lancer Evo VI et Tommi Mäkinen commence la défense de son quatrième titre mondial avec une deuxième victoire consécutive au Rallye Monte-Carlo. Son équipe sent toutefois le vent du changement. L'attrait des World Rally Cars ne pouvait plus être ignoré, qu'importe les progrès de la Lancer au cours des dernières années. Ralliart finissait par céder et l'année 2000 serait la dernière campagne complète d'une Lancer Groupe A.
Le lion tousse, puis rugit
Comme cela avait déjà été le cas lors du Groupe B, une équipe a suivi avec intérêt les débuts des World Rally Cars avant de se lancer avec une certaine réussite.
La peur pouvait presque se voir dans les yeux de leurs rivaux. Qui pourrait leur en vouloir après tout ? La dernière fois que le lion s'est attaqué à la discipline, il n'a laissé que des miettes. Cela avait toutefois eu lieu au siècle dernier. Peugeot n'allait probablement pas réussir à reproduire la domination de la 205 T16 avec la 206 WRC, n'est-ce pas ?
C'est fortement possible, sans un succès immédiat néanmoins.
La Peugeot 206 WRC a fait ses débuts au Tour de Corse 1999. Des débuts rapides, mais fragiles. Le constructeur français devait se contenter d'un podium à Sanremo avec Gilles Panizzi pour les six premiers rallyes de sa nouvelle voiture.
Au fil de la saison 1999, Michel Nandan, le directeur technique de Peugeot, a travaillé sur des évolutions et améliorations en vue du nouveau millénaire. Certes, les WRC offraient des possibilités d'ingéniosité technique, mais en aucune mesure communes à celles du Groupe B.
La 206 signait d'abord quelques fulgurances, sans être aussi révolutionnaire que son aïeule ayant été l'une des plus prolifiques du sport. En fin de compte, la 206 devenait une voiture magnifiquement équilibrée et puissante pour le début des années 2000. Et un homme a su en profiter...

Cet homme, c'était Marcus Grönholm. Trop longtemps oublié, le Finlandais avait tracé son propre chemin. L'absence de manager fortuné lui a sans aucun doute rendu la tâche plus difficile, mais elle a donné au fils d'Ulf Grönholm une détermination d'acier. En tant qu'ancien boxeur, il savait se battre. Et il s'est frayé un chemin jusqu'à un volant officiel avec Peugeot, au même titre que François Delecour et Gilles Panizzi.
Début 2000, Peugeot était censé avoir trouvé ses marques avec la 206 WRC et le Rallye Monte-Carlo était grandement attendu. L'épreuve n'aurait pas pu se passer plus mal pour l'équipe basée à Velizy. Les trois Peugeot 206 officielles ne redémarraient plus au parc fermé, renvoyant Corrado Provera, le charismatique directeur de l'équipe, à Paris avec une fureur et une frustration ne pouvant être qu'une force motrice. Le lion était touché, mais il était loin d'être mort...
Marcus Grönholm s'offrait sa première victoire en mondial dès le rendez-vous suivant en Suède. Après d'autres frustrations au Kenya, le Finlandais se montrait régulier avec quatre podiums sur les six rallyes suivants, dont deux victoires consécutives en Nouvelle-Zélande et en Finlande. Son succès en Australie et sa deuxième place au Rally GB lui permettaient de sceller son premier titre.
Avec ce sacre, la Finlande poursuivait aussi son monopole sur la couronne, Colin McRae restant alors le dernier pilote non-finlandais à être titré en 1995. Toujours plus en confiance avec Peugeot, Marcus Grönholm abordait 2001 avec le doublé en tête.
Peu de gens auraient toutefois pu prédire la malchance qui allait s'abattre sur le champion en titre. Sur les neuf premiers rallyes, il n'en terminait que deux. En se rendant à Jyväskylä, il n'avait marqué que quatre points et pointait au dixième rang du championnat.
La dernière partie de l'année lui offrait un répit, Peugeot ayant résolu les nombreux problèmes mécaniques ayant assailli l'évolution 2001 de la 206 WRC. Le Finlandais s'imposait alors à domicile, puis en Australie et en Grande-Bretagne, mais sa deuxième campagne complète avec Peugeot n'était pas synonyme de seconde couronne...

La bataille classique en Grande-Bretagne
Cela ne veut pas dire qu'il n'y avait pas de quoi se réjouir en 2001. C'était toutefois une saison étrange, où personne n'a vraiment dominé les débats... Si ce n'est Tommi Mäkinen en début de saison avec ses victoires au Monte-Carlo, au Portugal et au Safari pour se construire une avance de dix points avant sa manche à domicile.
Dès lors, sa tentative de reconquête du titre déraillait... Il n'allait marquer qu'un seul point sur les six rallyes suivants. Trahi par sa suspension en Finlande et seulement huitième en Nouvelle-Zélande, il découvrait ensuite la Mitsubishi Lancer WRC. Un désastre.
Les débats étaient tellement ouverts que Tommi Mäkinen figurait parmi les quatre derniers prétendants au titre lors de la finale au Rallye de Grande-Bretagne. Le Finlandais était même bien placé : Colin McRae et sa Ford comptaient 42 unités, Mäkinen 41, Richard Burns et sa Subaru 40 et Carlos Sainz, l'équipier de Colin McRae, 33.
Tommi Mäkinen était le premier à trébucher. Dix-huitième de la super-spéciale disputée jeudi soir au Pays de Galles, il ne voyait pas l'arrivée de St Gwynno, le premier test du vendredi matin, victime d'une rupture de suspension et d'une roue perdue.
Spectaculaire et rapide, Colin McRae sortait de ce secteur chronométré de quatorze kilomètres avec 2''9 d'avance. Un avantage réduit dès la spéciale suivante, poussant l'Écossais à redoubler d'efforts dans Rhondda en fin de boucle. Tout allait bien jusqu'à ce qu'il n'entende pas les mots cruciaux « ne pas » et « couper » de son copilote Nicky Grist. Colin McRae lançait sa Ford Focus WRC 01 dans un virage à droite, où la roue avant droite plongeait dans un fossé. La saison de l'équipage se terminait prématurément dans un tonneau...
Avec l'abandon de Carlos Sainz samedi matin, Richard Burns avait alors le titre à portée. Épaulé par son copilote Robert Reid, désormais vice-président de la FIA, le Britannique conservant son sang-froid jusqu'à ce qu'il puisse être couronné.

Si Richard Burns savourait pleinement, Marcus Grönholm espérait que sa victoire au Pays de Galles le relancerait parfaitement avant 2002.
Le Finlandais allait être ravi. Seulement cinquième au Monte-Carlo, Marcus Gronhölm et son copilote Timo Rautiainen s'imposaient en Suède et ne seraient plus rattrapés en tête du championnat. Fort de quatre autres victoires, le duo célébrait son deuxième titre en trois ans avant même les deux dernières épreuves du calendrier.
La Peugeot 206 WRC dictait désormais son rythme. Marcus Grönholm n'était pas le seul à s'imposer. Harri Rovanperä, Didier Auriol et Gilles Panizzi démontraient le potentiel de la voiture sur toutes les surfaces, à l'image du dernier cité, devenu le maître par excellence de l'asphalte au début des années 2000.
Avec le recul, Marcus Grönholm n'a que de beaux souvenirs de sa collaboration avec Corrado Provera : « Quelle belle époque... Corrado avec ses discours tout en fumant son cigare. Incroyable ! Et la voiture, c'était la mienne. Fantastique. Quand elle fonctionnait et que tout allait bien, j'avais l'impression que je pouvais tout faire à son volant. »
Richard Burns, l'ascension d'un champion
L'autre force française...
Si les fans français de rallye appréciaient la renaissance de Peugeot, ils attendaient toujours le successeur de Didier Auriol, à savoir le prochain champion du monde français.
En parallèle, la FFSA mise sur un pilote alsacien du nom de Sébastien Loeb. Allait-il répondre aux attentes ? Personne ne le savait à l'époque. Il n'avait commencé le rallye qu'à 21 ans, après avoir passé une grande partie de sa jeune vie à remporter des titres en gymnastique...
Personne n'aurait pu prédire à quel point cet homme allait bouleverser le WRC, même si deux rallyes fin 2000 donnaient déjà une première idée de son talent. Au volant d'une Toyota Corolla, Sébastien Loeb s'offrait deux tops dix en Corse et à Sanremo. L'année suivante, il dominait le Super 1600 (désormais connu sous le nom de Junior WRC) avec une Citroën Saxo Kit-Car...
Il fallait toutefois attendre un dimanche humide en Italie pour en avoir la confirmation. Dès ses débuts avec la Citroën Xsara WRC, Sébastien Loeb pointait à moins d'onze secondes du leader, un certain Gilles Panizzi, pourtant à l'aise au Rallye Sanremo 2001. Cette performance à elle seule justifiait pleinement la confiance que lui accordait Guy Frequelin, ancien vice-champion du monde et désormais directeur de l'équipe Citroën.
Quelques mois plus tard, toujours dans les Alpes, la victoire au Monte-Carlo lui échappait pour un changement de pneus au mauvais endroit (pour lequel Citroën a été pénalisé). Dès la mi-saison, son copilote Daniel Elena et lui ouvraient leur compteur avec un premier succès à l'ADAC Rallye Deutschland. Après ce programme partiel en 2002, Sébastien Loeb était prêt à rejoindre l'équipe cinq étoiles bâtie par les Chevrons. Ses équipiers en 2003 ? Ni plus ni moins que Colin McRae et Carlos Sainz !

Derniers succès pour Subaru
Avant les débuts de l'ère Loeb, un autre titre et un autre constructeur - tous deux devenus des icônes du sport - allaient connaître la consécration.
Dans la première moitié de la décennie, il était presque impossible d'aller n'importe où en WRC sans voir des centaines de fans norvégiens affirmer que Petter Solberg était « notre Solberg, notre seul Solberg. Il nous rend heureux... »
Et il l'a clairement fait en leur offrant un énorme sourire lorsqu'il a remporté trois des dernières épreuves du calendrier 2003 pour monter sur le toit du monde, avec un point seulement d'avance sur Sébastien Loeb. À ce jour, celui affectueusement surnommé « Hollywood » reste le seul pilote à avoir battu l'Alsacien sur une saison complète en Championnat du Monde FIA des Rallyes.
Richard Burns aurait aussi dû être l'un des hommes au cœur de la bataille pour le titre. Leader du championnat une grande partie de la saison après avoir quitté Subaru pour Peugeot, le Britannique se voyait malheureusement être diagnostiqué d'une tumeur au cerveau avant la finale sur ses terres. Richard Burns nous quittait deux ans plus tard.

La machine Loeb
« J'ai perdu pour un point un seul point », confiait un Sébastien Loeb toujours meurtri début 2004. « Avec le recul, j'aurais pu avoir ce point partout. Je dois le prendre cette année. »
Le Français allait y parvenir avec brio. Vainqueur des deux premiers rallyes de la saison, Sébastien Loeb n'était devancé dans la course au titre que par Markko Märtin - pour un point - après la victoire de l'Estonien au premier Rallye du Mexique. Dès lors, Sébastien Loeb allait être inarrêtable. Ses succès à Chypre, en Turquie, en Allemagne et en Australie lui valaient finalement son premier titre mondial.
En parallèle, Petter Solberg était touché par des problèmes mécaniques dans la défense de sa couronne, mais le champion en titre réussissait à enchaîner trois beaux succès au Japon, en Grande-Bretagne et à Sanremo en fin d'année. La médaille d'argent lui faisait de l'œil, mais son retour au Pays de Galles lui offrait d'autres raisons d'être joyeux.
Opposé à Sébastien Loeb pour la victoire, Petter Solberg réalisait un passage exceptionnel dans Margam Park. Une prestation qui restera gravée dans les mémoires des spectateurs et téléspectateurs présents, tant la bravoure et la fougue du pilote norvégien étaient sans égal ce jour-là.
Par la suite, un seul homme allait remporter le titre suprême dans les années 2000.
Si les six victoires de Sébastien Loeb en 2004 étaient déjà impressionnantes, ce n'était rien comparé à ses dix succès en 2005. Un an plus tard, une chute de VTT après le douzième des seize rendez-vous du calendrier le laissait sur la touche et donnait à Marcus Grönholm des espoirs de troisième titre. Redevenu spectateur avec huit victoires et 112 points en poche, l'Alsacien voyait son rival partir à la faute au Rallye d'Australie, scellant ainsi son nouveau sacre depuis son canapé...

L'année 2007 marquait une nouvelle ère pour Citroën avec le remplacement de la Xsara WRC par la C4 WRC. Le résultat ? Strictement identique : quatre titres mondiaux de plus pour Sébastien Loeb. À la fin de la première décennie de ce nouveau siècle, Sébastien Loeb avait déjà remporté six titres et 54 victoires en mondial. Le meilleur des autres ? Grönholm avec 30 succès.
Sébastien Loeb a fait sien le sport, Citroën et la Xsara, qui occupera toujours une place spéciale dans son cœur. Dès le début de sa carrière à temps plein, le Français a pris l'avantage sur ses équipiers. N'oubliez pas ses débuts avec Colin McRae et Carlos Sainz, deux maîtres qu'il a su dompter.
Aux extrémités opposées de leur carrière, Sébastien Loeb et Colin McRae ont forgé un lien fort, le premier étant un grand admirateur du second au volant et en dehors de la voiture.Comme le reste du monde du sport automobile, Sébastien Loeb a été touché par la disparition tragique de Colin McRae dans un accident d'hélicoptère en septembre 2007.
Colin McRae avait pris du recul depuis fin 2003, mais l'Écossais faisait toujours lever les foules. Son apparition avec Škoda au Rallye d'Australie, où un problème de transmission le privait des commandes en 2005, fait encore parler - comme tant de souvenirs liés à ce pilote mythique - dans le monde entier.
Dominant as Loeb was through the second half of the noughties, the 2009 season was as close as he would come to losing his title. Mikko Hirvonen had stepped into the big shoes left by Grönholm in the Ford team and the younger Finn was determined to follow in the footsteps left by those shoes.
Aussi dominant soit-il, Sébastien Loeb passait tout près de perdre son titre en 2009. Mikko Hirvonen avait succédé à Marcus Grönholm chez Ford et le jeune pilote finlandais était déterminé à combler l'absence de son compatriote. Il ne lui a toutefois manqué qu'un point pour détrôner le pilote Citroën avant une nouvelle décennie...
Vendredi prochain : les années 2010

L'œil des experts

Une fois de plus, nous avons consulté six experts aux connaissances encyclopédiques du WRC pour nous conter leurs plus grands moments de cette décennie marquée par l'avènement de Sébastien Loeb et Daniel Elena. Le duo a remporté son premier titre mondial en 2004 et est resté invaincu jusqu'à la fin de la décennie.
Parmi les nombreux records, Jari-Matti Latvala, Julian Porter et Reiner Kuhn ont été marqué par celui signé au Tour de Corse 2005. L'équipage a remporté les douze spéciales du parcours, une première toujours inégalée en cinquante saisons de WRC. Les deux hommes ont également remporté dix des seize manches du calendrier pour sceller leur deuxième couronne.
Michel Lizin a également mis en avant le Rallye Monte-Carlo disputé trois ans plus tôt. Deuxième à Sanremo la saison précédente, Sébastien Loeb éclaboussait à nouveau les Alpes de son talent en terminant deuxième malgré une pénalité de deux minutes pour un changement de pneu illégal.

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Il Canto degli Italiani. Le Championnat du Monde FIA des Rallyes s'était habitué aux chants italiens avant d'entrer dans une ...
En lire plusSébastien Loeb a aussi participé à l'une des plus belles arrivées du WRC, rappelée par Michel Lizin et Marco Giordo. Le Rallye de Nouvelle-Zélande 2007 a été un thriller de bout en bout. Après avoir échangé leurs positions tout au long de l'épreuve, Marcus Grönholm arrachait la tête à Sébastien Loeb dans l'avant-dernière spéciale pour 7/10e de seconde. Si le Français remportait la dernière spéciale sur un rythme effréné, le Finlandais tenait bon pour gagner avec 3/10e d'avance, la deuxième arrivée la plus serrée de l'histoire du WRC à ce jour.
La victoire de Sébastien Loeb au Rallye de Grande-Bretagne 2009, qui lui a valu son sixième titre pour un point face à un Mikko Hirvonen, a été soulignée par Marco Giordo. Michel Lizin a aussi évoqué le duel entre l'Alsacien et Petter Solberg en Australie 2003, où la tête a changé de mains à six reprises avant le triomphe du Norvégien.
Quatre rallyes plus tard, Petter Solberg était champion du monde après sa victoire en Grande-Bretagne pour battre Sébastien Loeb d'un point. David Evans se souvient parfaitement des célébrations ainsi que de celles de Richard Burns deux années plus tôt, un souvenir partagé par Marco Giordo.
Jari-Matti Latvala a également mis en lumière la performance magistrale de Colin McRae lors du Safari Rally 2002, où l'Écossais a signé sa vingt-cinquième et dernière victoire, tandis que David Evans cite aussi la première victoire de Jari-Matti Latvala en Suède en 2008. Le pilote était alors devenu le plus jeune pilote à remporter une manche du WRC à vingt-deux ans...
La fin des années 2000 a laissé entrevoir ce qui allait suivre dans la cinquième décennie du WRC lorsque Sébastien Ogier a remporté le Rallye du Portugal 2009. Julian Porter marque cet événement comme l'un de ses moments préférés de la décennie.